Lorsqu'elle fermait les yeux, Hime se retrouvait dans l'obscurité la plus totale, elle était assise sur le vide et autour d'elle il n'y avait que du vide, du noir, le chaos. Elle aurait dû se sentir mal à l'aise dans cet univers qui n'était pas le sien, dans cet univers vide de couleurs et de sens mais non : Hime se sentait chez elle. Dans ce lieu où le silence était roi et où rien d'autre ne brillaient que deux grands yeux dorés, la japonaise se sentait bien. Elle était loin de tout l'agitation qui régnait autour d'elle depuis son réveil, loin des regards apitoyés ou remplis de compassion. Elle était loin de tous les faux-semblants, loin du bruit, loin de la lumière et loin du monde réel. Assise dans cet autre monde qui ne lui était accessible que dans son sommeil, Hime fixait ces grands yeux dorés sans savoir à qui ils appartenaient. Tír na nÓg avait lui aussi les yeux dorés mais si les yeux de son dragon vert la fixait autrefois avec intelligence et douceur, ceux-ci la fixaient avec insistance et douleur. Peut-être était-ce une illusion d'optique due au fait que Hime ne se sentait vraiment pas bien actuellement mais elle avait sans cesse l'impression d'être observée, étudiée. Mais, au final, ça ne changeait pas tant que ça de sa situation éveillée où tout le monde l'étudiait sans honte, vérifiant chacun de ses mouvements. Hime regardait les deux yeux dorés avec une attention toute particulière lorsqu'une voix retentit dans le vide entourant la japonaise :

- « Je te l'avais dit... »

Hime sursauta et instantanément ses yeux s'ouvrirent sur le plafond blanc de la chambre qu'elle occupait à l'infirmerie. Cette voix... Elle ressemblait tellement à Tír na nÓg... Était-ce possible que le grand dragon vert soit ainsi en liaison avec sa dragonnière ? Pour qu'un dragon soit en liaison mentale avec un humain, il fallait que le lien soit très fort, à la limite de l'indestructible. Le lien entre Hime et Tír na nÓg l'était-il assez ? Apparemment oui puisque le dragon vert venait de parler à sa dragonnière dans l'esprit de celle-ci. Fermant les yeux, Hime replongea dans le monde chaotique où les deux yeux dorés continuaient de la fixer :

- « Tír na nÓg... C'est toi ? »
- « Qui veux-tu que ça soit ? »

Un long silence suivit la déclaration rauque et Hime sentit les larmes lui monter aux yeux. Son dragon était là, dans son esprit. Son cher dragon lui parlait à elle alors qu'ils étaient éloignés l'un de l'autre. Elle pensait ne plus jamais entendre cette voix cher à son cœur, elle pensait devenir la dragonnière sans dragon, celle qui a été abandonnée mais non, son dragon était là pour elle, en elle.

- « J'ai cru que tu m'avais abandonnée à jamais... »
- « J'avais bien dit qu'il ne fallait pas aller de l'autre côté mais tu ne m'as pas écouté ! »
- « Je... Je ne pouvais pas savoir ce qui allait arriver ! »
- « Tu aurais dû m'écouter ! »

Hime ouvrit les yeux et fixa une nouvelle fois ce plafond immaculé. Son dragon lui en voulait... Tír na nÓg lui en voulait... Mais ce n'était pas sa faute s'ils étaient allés de l'autre côté ! Shizuka l'avait convaincue d'y retourner et s'il n'avait vraiment pas voulu, Tír na nÓg aurait pu refuser de partir ! Non... Ce n'était pas juste. Certes Hime avait une part de responsabilité dans l'affaire, mais Tír na nÓg ne pouvait pas lui dire que tout était de sa faute... Ou si... un dragonnier était censé prendre soin de son dragon et Hime n'avait pas écouté le sien, elle avait risqué leurs deux vies sur un coup de tête. Elle n'était pas digne d'être dragonnière : elle avait risqué la vie de son dragon sans réfléchir... Pourquoi le directeur l'avait-il sauvé si c'était pour qu'elle se sente coupable jusqu'à la fin de sa vie ? Pourquoi ne l'avait-il pas laissé passer de l'autre côté ? Pourquoi était-il venu se mêler de ce qui ne le concernait pas ?

- « Hime j'ai peur... Je suis seul et j'ai peur... »
- « Je ne sais pas quoi faire, Tír na nÓg... »
- « Viens me chercher ! »
- « Je ne peux pas, je suis clouée au lit... »
- « Ce ne sont pas deux-trois blessures qui doivent t'empêcher de bouger ! Je suis en danger et toi tu me dis que tu ne peux pas bouger ?! »
- « Tu m'as fait tomber, tu te rappelles ?! J'ai failli y laisser la vie et toi tu me parles de deux-trois blessures ?!! »

Hime rouvrit les yeux, furieuse. Comment osait-il lui dire qu'elle n'avait rien ?! Était-ce lui qui était tombé d'un dragon en plein vol ? Était-ce lui qui avait approché la lumière de si près ? Était-ce lui qui avait failli mourir après avoir senti tous ses os se briser ? Oh non ce n'était pas lui qui avait vu le sol se rapprocher à toute vitesse. Ce n'était pas lui qui avait senti son corps rebondir au sol lors de la chute avant de s'écraser plus loin. Ce n'était pas lui qui avait sentis ses os se briser un à un, sa tête exploser et sa conscience disparaître. Ce n'était pas lui qui avait marché dans un grand tunnel noir et qui avait failli franchir la lumière. Ce n'était pas lui non plus qui avait dû faire confiance à un dragon argent lui vendant une vie pleine de souffrance. Ce n'était pas lui qui était cloué à un lit et sans cesse observé par des spécialistes qui secouaient la tête à chaque fin de séance. Ce n'était pas lui qui entendait chaque jours les mêmes "je ne sais pas si son état s'améliorera un jour". Ce n'était pas lui qui avait l'impression de vivre sur un fil tendu au milieu d'un océan infesté de requins n'ayant pas mangés depuis des années. Ce n'était pas lui qui avait l'impression de se tenir entre la vie et la mort continuellement. Ce n'était pas lui qui s'était fait projeté au sol par la personne en qui il avait le plus confiance.
Hime voulu bouger mais la douleur fut trop forte et elle failli perdre conscience. Elle en avait assez d'être bloquée ainsi dans ce lit, de ne pouvoir rien faire, d'être sans cesse observée et de devoir chaque jour refuser les visites parce qu'elle se sentait trop mal, trop faible. Hime n'arrêtait pas de se demander si un jour elle réussirait à sortir de ce lit ou si elle était condamnée à rester ici, poupée de porcelaine brisée à jamais. Son corps était couvert de bandage et un enchevêtrement de bandes entourait sa tête, comme pour recoller les morceaux brisés. Ses bras étaient maintenus droit, seuls se bouts de doigts dépassaient du plâtre et Hime ne pouvait même pas bouger le petit doigt de pied sans avoir l'impression de revivre la chute une deuxième fois. Si jamais elle s'en sortait, malgré les regards pessimistes des infirmiers, elle aurait à subir des mois de rééducation. Mais en avait-elle vraiment envie après tout ?

- « Je suis heureuse, que tu sois réveillée. »

Hime tourna le regard vers Shizuka. Elle ne l'avait même pas entendu entrer, trop occupée à ses pensées pessimistes mais réalistes. La grande brune avait maigrit et elle donnait l'impression de ne pas avoir vu la lumière du jour depuis des semaines. Mais à la différence de Hime, elle ne se trouvait pas bloquée dans un lit condamnée à ne pouvoir bouger que les yeux et les lèvres ! Hime aurait pu envoyer balader Shizuka, lui dire d'aller se faire voir puisqu'elle était en grande partie responsable de la chute de la blonde mais elle ne le fit pas. Ça aurait été injuste... Hime se doutait bien que Shizuka n'était pas arrivée ici en chantonnant et en lançant des cœurs partout. Non. Shizuka avait souffert et si ce n'était pas physiquement, le mental en avait pris un coup. Hime aurait aimé se défouler sur Shizuka, lui hurler à la gueule, la frapper, l'accuser de tous les mots de la terre mais ça n'aurait aidé personne et elle ne se serait pas sentit mieux. La colère et la rancune n'avaient jamais aidé à guérir.

- « Je ne sais pas trop si je peux dire la même chose... Au moins endormie, je ne souffrais pas autant... »

Il n'y avait là aucun reproche, c'était une simple constatation : Hime souffrait quoi qu'elle fasse que ce soit mentalement ou physiquement et rien ne semblait être capable d'atténuer sa souffrance.

- « Vous n'avez rien, Sverak et toi ? »

Apparemment physiquement Shizuka n'avait rien mais Sverak ? Et mentalement ? Hime avait failli mourir ce jour là et n'avait donc pas pu savoir ce qui était arrivé au duo. Elle n'avait pas osé le demander aux autres, de peur que ce soit une mauvaise nouvelle. Mais si Shizuka était là, à côté d'elle en chair et en os c'était qu'elle allait bien, non ? Et ça c'était la chose la plus importante pour la japonaise blonde. Shizuka était quelqu'un de cher à son cœur et malgré toutes les mauvaises pensées qu'elle pouvait avoir depuis son réveil, personne ne pourrait lui enlever ses sentiments envers la grande brune. Shizuka était comme une sœur, une moitié pour Hime. Si elle lui en avait voulu au début, ses ressentis étaient passés car injustifiés. Shizuka n'avait pas eu besoin d'argumenter énormément et Hime avait choisi en toute connaissance de cause de la suivre. Personne n'était responsable. Personne ne pouvait savoir ce qui allait se passer dans l'autre monde.
La blessée tenta de bouger sa main pour saisir celle de Shizuka, elle avait besoin d'un contact physique avec son amie pour se prouver qu'elle avait bien une raison de continuer à se battre. Mais l'effort était trop intense et la douleur trop grande et Hime perdit conscience un court instant. Instant pendant lesquels ses yeux se fermèrent et pendant lesquelles une voix rauque retentit dans son esprit :

- « Hime... ne m'abandonne pas ! J'ai mal... j'ai peur... Je t'en supplie ne me laisse pas seul ! »

Hime rouvrit les yeux immédiatement et les larmes se mirent à couler sans qu'elle ne puisse les freiner. C'était sans doute dû à la douleur provoquée par le déplacement de sa main mais Hime avait l'impression d'avoir ressentit toute la douleur et la peur de son dragon. Tír na nÓg avait mal, il souffrait et paniquait : il était resté bloqué dans l'autre monde alors que la chose dont il refusait de parler continuait à agir. Hime ne pouvait pas le laisser comme ça ! Mais que pouvait-elle faire ? Elle était bloquée dans un lit et le moindre sursaut lui faisait perdre conscience... Et comment irait-elle dans le monde magique sans dragon ?

- « Tír na nÓg... Il faut le trouver, Shizuka ! Emmène-moi dans le monde magique, je dois aller le chercher ! Je ne peux pas le laisser seul là-bas, il a mal et si peur... »

Et Hime tenta de se relever, la douleur était puissante, destructrice même, mais elle refusait de céder : elle allait sauver son dragon, que son corps le veuille ou non.

Il existe dans le monde certaines personnes qui semblent liées les unes aux autres. Chez ces personnes, on est prêt à tout pour s’entraider, pour faciliter le travail des autres, pour supporter les autres. Il arrive parfois que ces personnes se retrouvent entre elles, se découvrent et s'apprécient. Il arrive aussi malheureusement que certaines de ces douces personnes se fassent utiliser par d'autres mais dans ces cas-là, il faut faire attention à ce qui se passe derrière soi car les représailles des autres liés ne seront pas tendres. On raconte à tord que seuls les Hwajae sont une famille unie à Astahi. On raconte que les flammes veillent les unes sur les autres mais on oublie trop souvent de dire que, sous terre, les arbres sont liés entre eux par les racines. Un arbre seul ne peut pas vivre heureux, il a besoin de sentir ses racines frôler celles des autres, de se sentir entouré. Si une forêt ne cesse de s'étendre c'est bien parce que les arbres ne sont pas une grande famille fermée mais qu'à chaque saison les racines s'étendent vers l'extérieur pour accueillir des nouveaux dans cette grande communauté. Quand un arbre meurt, les autres en font le deuil et pendant un long moment, la forêt est sombre et triste. Quand une jeune pousse fait son apparition, la forêt veille sur elle et si l'on tente de l'attaquer, on trouvera des racines sur son chemin. La forêt est silencieuse et non violente par nature mais qu'on attaque l'un de ses siens et le vent soufflant dans les feuilles vous révèlera bien plus de choses que ce que vous oseriez imaginer. On a tendance à sous-estimer la forêt, à la considérer comme le plus faible des éléments parce qu'elle reste impassible quel que soit la situation. Mais si le feu brûle la forêt, l'arbre ne sera jamais long à repousser sur le lieu de l'incendie et, peu rancunier, il étendra ses racines vers tout être vivant pouvant le sentir. Les Toji sont trop souvent sous-estimés, perçus comme des intellectuels passifs mais si on les observe vraiment, on peut s'apercevoir que cette Tour est bien plus combative et liée que n'importe quelle autre. Malheur à celui qui dira que les Toji ne sont qu'une bande d'indépendants prétentieux, malheur à celui qui ne verra qu'un seul arbre parmi une gigantesque forêt attentive au moindre de ses gestes. Mais si la forêt est forte et puissante, c'est bien parce qu'elle est liée à l'eau, à l'air, à la chaleur provoquée par le feu. Les Toji ont beau être de puissantes personnes, une forêt seule au milieu d'un endroit sans eau, sans air et sans feu ne peut pas survivre tout comme la flamme s'éteindrait seule, que l'air et l'eau se perdraient sans jamais se retrouver. Si Astahi est si fort c'est bien parce que les quatre éléments sont liés mais surtout parce qu'aucune guerre ne pourrait les séparer. Astahi divisé c'est le début de la fin, mais Astahi unis ne laissera rien ni personne s'opposer à lui. Et ça, la Chose l'avait parfaitement compris alors elle s'occupait de détruire petit à petit ce qui liait les tours entre elle en commençant par la Tour qui liait les autres entre elles. Petit à petit, elle installerait la discorde et le feu priverait l'air de sa flamme et l'eau se détournerait de la forêt. Astahi serait faible et la Chose prendrait plaisir à détruire tout ce qu'IL avait créé. Qu'il se tienne prêt car elle ne le laisserait jamais gagner. Plus jamais.

Hime fut rassurée lorsqu'elle entendit Shizuka lui annoncer qu'elle et Sverak allaient bien. Elle n'avait eut qu'une peur en se réveillant : qu'on lui annonce que Shizuka et Sverak ne s'en était pas tirés. Elle avait déjà du mal à survivre à l'absence de son dragon mais si Shizuka n'avait pas été là, elle n'aurait sans doute pas continué à se battre pour rester en vie. Ce que vivait en ce moment Hime, elle ne le souhaitait à personne. Vivre ainsi éloignée de son dragon, avoir été abandonnée par lui c'était quelque chose d'horrible, de puissant qui vous rongeait jusqu'à l'os. Savoir que Shizuka avait eut plus de chance qu'elle ne provoqua aucune jalousie chez Hime : elle était tout simplement heureuse pour son amie. Elle ne souhaitait à personne ce qu'elle vivait et ce qu'elle allait vivre, et encore moins à sa meilleure amie.
Lorsqu'elle essaya de se relever de son lit pour aller chercher Tír na nÓg, Hime souffrit le martyr mais pas un gémissement ne s'échappa de sa bouche. Tír na nÓg devait souffrir lui aussi, il fallait aller le chercher. Mais Shizuka l'empêcha de bouger d'avantage et lui parla, la calma puis se rassit, tenant toujours la main de la blonde dans la sienne. La grande brune lui assura qu'elle irait chercher le dragon vert de l'autre côté et Hime sut d'emblée qu'elle ne mentait pas. C'était comme ça entre elles-deux : il n'y avait ni mensonge ni trahison. Si Shizuka disait qu'elle allait aller chercher Tír na nÓg, c'est qu'elle y croyait réellement et cela réconforta Hime : Tír na nÓg allait être sauvé.

- « En attendant j'aimerai que tu retrouves un peu la forme, que tu prennes soin de toi … c'est un peu étrange dis comme ça mais … les entrainements, les couloirs, la cours, notre tour … si tu n'y es pas c'est un peu comme si Toji avait perdu sa lumière. On a besoin de toi ; pas parce que tu sais toujours éviter les conflits même si c'est important ! Mais parce que tu es notre amie, ma précieuse amie et que je tiens à toi bien plus que je ne tiens à ma sécurité ou a ce que je suis ici ... »

Hime sourit pour la première fois depuis des jours, pour la première fois depuis très longtemps. Jusqu'ici la seul expression qu'elle avait abordée était l'indifférence totale et même s'il était petit, le sourire signifiait beaucoup plus de chose qu'un sourire banal qu'on fait en voyant une bonne note ou un ami au loin.

- « J'aimerai beaucoup te retourner les mots parce que je pense également chaque chose que tu m'as dit mais je t'avoue qu'après ce que tu m'as dit, j'aurai du mal à trouver les mots exacts. Mais je veux que tu saches, Shizuka, que si je suis revenue c'est en partie pour toi. »

Effectivement, si Hime avait choisi de ne pas franchir la lumière et de suivre le directeur c'était parce qu'elle ne voulait pas que Shizuka se sente coupable de quoi que ce soit, elle ne voulait pas l'abandonner.

- « Et tu n'as pas à t'en vouloir. Tu n'es pour rien dans ma chute. »

Hime tenta de serrer la main de Shizuka mais le simple fait de bouger les doigts lui fit tellement mal qu'elle n'insista pas : Shizuka avait bien compris ce qu'elle voulait dire, après tout. Une simple petite conversation épuisait Hime comme si elle avait décidé de faire 10 000 fois le tour d'Astahi alors la blonde reposa sa tête profondément dans l'oreiller et jeta un dernier regard à Shizuka.

- « Bonne chance et... Merci. »

Et Hime ferma les yeux, épuisée par sa journée et par la douleur. Les deux yeux dorés la fixèrent et Hime dit :

- « Ne t'inquiète plus Tír na nÓg : Shizuka et Sverak vont venir te chercher. »
- « Quand ? »
- « Bientôt... »
- « Quand exactement ?! »
- « Je ne sais pas ! Bientôt, ne t'inquiète pas ! »

Les yeux dorés brillèrent un court instant d'un lueur étrange mais ils redevinrent normaux si vite que Hime n'eut pas le temps de s'en apercevoir. La japonaise s'endormit et les yeux qui étaient dorés devinrent rouge. La Chose se mit à rire : qu'ils viennent ces petits bébés d'Astahi, qu'ils viennent : elle les attendait et elle n'en ferait qu'une seule bouchée.