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| Auteur | Message |
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Inoue Ryu
AVATAR : Aizawa Rina
ANNEE : 1ère
SITUATION : Célibataire
NOTES : Très bonnes
Kumon
& Kumon deviendra grand, dans un nuage de brume il continuera à me protéger parce notre destin est lié, jamais je ne l'abandonnerai.
| Sujet: Healing... [Sora ♥] Ven 13 Juil - 14:13 | |
| Déjà presque un an entre ces murs. Astahi est un endroit où l'on évolue, où l'on grandit cela ne fait aucun doute. En à peine un an on ne peut pas dire que j'ai véritablement changé mais je sais que je suis sur la bonne voie. Tant de temps passé seule dans un endroit si fabuleux. J'avais beau être sans ma famille, sans mon frère, je savais que cette aventure valait tous les sacrifices du monde. Je me sentais tellement bien parmi tous ces dragons plus ou moins amicaux ! De plus depuis la naissance de mon Kumon je me sentais complète. Ce petit avait mis du temps à pointer le bout de son nez mais c'est avec plaisir que je l'ai accueilli. Il me ressemble aussi. Timide, silencieux et curieux, tout ce qu'il me fallait. Avoir un dragon mélomane lorsque l'on est musicien, que demandé de plus ?
Tomber sur le seul dragon de tout ce domaine à ne pas posséder d'écailles, le seul dragon que l'on ne peut toucher que s'il nous l'autorise est une expérience curieuse et beaucoup de premières années ne connaissant pas l'existence de cette race m'ont souvent demandé d'où je tenais ce dragon, surtout les garçons qui n'en n'ont jamais eu. Une sorte de fierté s'est installé en moi suite à ça. J'aime mon compagnon, ça ne fait aucun doute, sûrement autant que lui commence à m'aimer. Un dragon timide et fantomatique qui ne se montre vraiment qu'à moi mais un dragon d'une telle importance ! Bien sûr il n'est pas l plus impressionnant des dragons mais pour moi il reste le meilleur ! Nul besoin de dragon rare ou de teignes super classe à la Sekhmet pour être fière d'être avec notre compagnon. Kumon a beau être jeune il reste pour le dragon idéal.
Cette journée avait bien commencée, un réveil en douceur par le simple frottement des ailes humides de Kumon contre mon visage. Les particules de brume qu'il glisse contre moi ont toujours cette effet apaisant sur moi et il n'y a pas meilleur réveil que la bouille adorable de votre dragon qui veut faire une ballade. Une douche, une légère bataille pour savoir quoi porter (où Kumon a réussi à me faire mettre une robe) et je prends enfin mes affaires pour sortir. Un petit tour à la cascade comme tous les matins, la seule condition pour que Kumon accepte de travailler ne serait-ce qu'un tout petit peu. Gentil dragon ne veut pas dire dragon docile après tout...
Nous marchions tranquillement à l'extérieur, le vent frais matinal achevait de me réveiller et de me mettre de bonne humeur. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en regardant Kumon voleter autour de moi, l'air heureux. Je savais où il voulait aller, depuis qu'il avait découvert cet endroit il voulait toujours que nous y allions ne serait-ce qu'une fois pas jour. La cascade. Un magnifique endroit près du lac et de la forêt. Au calme là où peu de gens venait toujours et un endroit parfait pour jouer de la musique pendant que mon dragon se ressourçait en jouant dans l'eau comme l'enfant qu'il est encore. Je ne pouvais rien faire d'autre que de sourire à cette pensée, il était adorable ! Un petit courant d'air timide vint me frôler le visage avant que je ne sente la tête matérialisée de mon compagnon venir se frotter à moi. Il s'était tout simplement posé calmement sur mon épaule comme il aimait le faire et en relevant ma tête je m'aperçus que nous étions arrivés.
Je m'assis sur le petit muret à côté de la cascade, déposant ma guitare près de moi pour observer cet être de brume que j'aimais tant faire un petit plongeon dans l'eau claire et fraiche du domaine d'Astahi. Il était encore tôt, trop pour les cours en tout cas, j'entendais les cris apaisant des dragons sauvages du domaine qui devaient sûrement protéger leur territoire d'une quelconque présence humaine ou animale. Je fermais les yeux, me laissant bercer par le doux bruit de l'eau se fracassant mélodieusement sur les pierres et la terre de la cascade. Les grognements satisfaits de ma bestiole atteignait mes oreilles alors que je secouais vainement la tête. Il clapotait l'eau de ses ailes alors qu'une fine brume commençait à m'entourer. Heureusement que je n'étais pas du genre à me soucier de l'apparence parce que vu comment mon adorable monstre allait me ruiner les cheveux...
Un soupire plus tard et je me levais pour attraper ma guitare et enlever ma veste. Je décidai quand même de m'éloigner un peu de mon humidificateur d'air personnel afin de ne pas finir trempée ou tomber malade à cause des températures fraiches matinales en ce moment. J'en profitai pour m'attacher les cheveux avant de déposer ma veste sur une souche un peu plus loin. De là où je me trouvais je pouvais encore entendre le doux bruit de la cascade en observant mon dragon sans avoir à subir les inconvénients de la bête brumeuse. Je ne pouvais pas lui en vouloir, Kumon était encore jeune et ne contrôlait pas sorts, sans même qu'il le veuille il déclenchait souvent un nuage de particules d'eau légère lorsqu'il s'amusait dans cette cascade, c'était mignon après tout.
Je fredonnai doucement en jouant quelque notes, cherchant un air doux pouvant se marier à l'eau courant violemment le long des roches de ce lieu tellement magique. Le bruissement des feuilles, le vent et l'eau se mélangeait agréablement au son de ma guitare alors que les bruits aigus de mon dragon semblait s'accorder à merveille comme les paroles d'une musique naturelle. Seulement quelques minutes plus tard, complètement perdue dans ma musique, je sentis le frôlement léger de mon compagnon sur ma jour avant qu'il ne grimpe sur ma guitare me forçant à m'arrêter pour rouvrir les yeux. Il semblait fasciner par mes mains, les attrapant parfois pour les regarder avant de virevolter autour de moi pour m'observer sous tous les angles.
« Qu'est-ce que c'est ? »
Il est vrai que Kumon avait mis du temps avant de sortir de son oeuf mais sa curiosité, son tempérament calme et son intelligence lui avait permis de vite s'adapter à la langue humaine au point de pouvoir déjà la parler. Il avait encore un niveau d'enfant mais ça ne faisait que le rendre encore plus adorable. Baissant les yeux sur mes mains je m'aperçus qu'il parlait des diverses brûlures et pansement sur mes mains. Je bougeai mes doigts un petit peu, ressentant le léger picotement habituel depuis quelques temps, c'était douloureux mais je n'arrivais pas à le regretter.
« Ne t'en fais pas Ku-chan, c'est rien juste Sekhmet qui me fait parfois des caprices lorsque Eun Sil me la confie. »
J'en profitai un peu pour passer ma main sur sa tête, appréciant le contact froid et humide de mon compagnon matérialisé uniquement pour moi. Il continuait de me fixer de ses yeux inquiets, suivant le déplacement de mes doigts comme s'ils s'étaient soudainement transformés en serpents venimeux prêts à m'attaquer. Je reposai doucement mes bras sur ma guitare et il se remis à virevolter autour de moi, penseur. Habituée à ce genre de comportement, je le laissais faire, l'accompagnant d'une douce mélodie comme il m'en réclamant souvent ces derniers temps. Je le soupçonnais de ne pas trop apprécier Sekhmet, c'est vrai que la dragonne au caractère aussi volcanique que son environnement fétiche accaparait tout mon temps lorsque je l'avais à charge, faisant bien souvent de ma vie un enfer en s'amusant à me faire galérer pendant des heures. Je ne pouvais pourtant pas me résoudre à arrêter ces gardes, Eun Sil étant comme un modèle pour moi, j'aimais essayer de me dépasser pour ne serait-ce que faire en sorte que Sekhmet me laisse tranquille quelques minutes. Je n'avais pas de problèmes avec Kumon, ma bestiole brumeuse étant des plus dociles mais je ne pouvais tout simplement pas me résoudre à arrêter d'essayer de tout mon être de maîtriser l'une des plus grosse teigne d'Astahi, il faut croire que le dressage me plaisait...
Sans trop que je m'en rende compte, trop perdue dans mes pensées, Kumon se posa légèrement sur mon épaule pour continuer à m'observer et lorsque ma mélodie prit fin et que je réfléchissais à quoi jouer d'autre, c'est une violente douleur à la main qui me sorti de mes pensées et me fit hurler de surprise et de douleur mêlées. Je reposai mon regard sur mes mains pour constater avec horreur qu'elles semblaient toutes deux comme entourées d'une fine particule de glace. Tournant violemment la tête vers mon dragon je secouai mes mains pour voir si je pouvais encore bouger mes doigts et faire partir un peu la douleur. Il me rendu un regard un peu confus avant d'aller se cacher dans mon dos.
« Désolé... Je voulais un peu enlever les brûlures. »
Je lui fit un petit sourire les larmes aux yeux avant de me relever, soufflant de l'air chaud sur mes doigts en faisant attention à ne pas faire tomber ma guitare. Doucement, évitant le plus possible de grimacer pour inquiéter Kumon, je remis ma guitare dans son étui avant de le mettre sur mon épaule pour ne pas me faire plus de mal que je n'en avait déjà. Mes deux mains me brûlaient atrocement et je savais que désormais, un petit séjour à l'infirmerie s'imposait. Soigner une brûlure de feu par une brûlure de glace, quelle ironie... Je ne pouvais par contre pas en vouloir à mon monstre puisqu'il n'avait fait que vouloir m'aider mais il allait falloir qu'il comprenne que geler les gens ne leur avait jamais fait du bien...
« Je suis sûre que ce n'est pas si grave Kumon mais il va falloir qu'on aille à l'infirmerie, tu me suis ? »
Je pris le temps d'essayer mes larmes avec mon avant bras avant de lui faire un petit sourire et de presser le pas vers l'enceinte du bâtiment pour me rendre à l'infirmerie que je n'avais jamais autant eu envie de visiter. Courant presque dans les couloir suivie de Kumon, je rejoins le plus vite possible le lieu qui hantait mes pensée du moment en soufflant sur mes mains pour les réchauffer ne serait-ce qu'un peu. La glace avait déjà fondue mais mes doigts étaient toujours engourdis par le froid et avait pris une teinte assez inquiétante. Une fois devant la porte, c'est mon dragon qui l'ouvrit et j'entrai en trombe. La douleur devenait presque insupportable et je commençai à avoir peur pour le bout de mes doigts que je ne sentais plus.
L'infirmière s'empressa de me me mettre les mains dans une serviette chaude et m'ordonna à moi et Kumon de ne pas bouger le temps que mes doigts se réchauffe avant de pouvoir y mettre une pommade et des bandages. A peine deux minutes après que mes mains furent emballées dans la serviette et que je m'assis sur l'un des lits présents, l'infirmière s'excusa et dû s'absenter pour une raison quelconque. Une fois seule, un long soupire m'échappa et je souris doucement à Kumon.
« Tu vois, ça ira ! Après quelques temps de pommade et bandages, mes mains seront comme neuves mais s'il-te-plaît, à l'avenir ne congèle pas les gens, c'est très dangereux, la glace peut provoquer de très grosses brûlures et j'aurai pu perdre mes doigts si tu y avais été un peu plus fort, d'accord ? »
Il hocha la tête et vint se blottir contre moi en signe d'excuse, son regard toujours fixé sur la serviette entourant mes mains. Il s'en voulait je le savais et c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles je savais qu'il était inutile de lui en vouloir moi-même ou de le réprimander pour une erreur comme celle-ci. Je me demandais quand même combien de temps j'allais devoir attendre ici... |
| | | Kamiya Sora
AVATAR : Nishikido Ryo
DOUBLE COMPTE : Aucune ~
ANNEE : 4ème
SITUATION : Célibataire
NOTES : Moyennes
Gebakros
Tout ce qui brille n'est pas d'or, cependant certains savent parfaitement en donner l'illusion.
| Sujet: Re: Healing... [Sora ♥] Mar 24 Juil - 19:05 | |
| Il y a des jours où tout semble se passer à l’inverse de ce que l’on désirait ; les choses semblaient s’enchaîner sans que l’on calcule réellement la manière dont elles allaient se passer et, au bout d’un certain temps, on en venait à penser sérieusement que les choses ne désiraient pas que l’on agisse comme on l’aurait souhaité nous même. J’avais ainsi pris la décision un peu plus tôt, d’aller me promener à l’extérieur de l’enceinte de l’établissement. Comme à chaque fois que cela arrivait, Gebakros se trouvait à mes côtés et je pouvais entendre son pas lourd à quelques mètres de moi. Sa voix profonde parvint à mes oreilles au bout d’une marche longue et silencieuse.
« Dis-moi Sora, tu as revu cette fille ? » « Laquelle ? » « Celle de l’autre jour. Tu ne t’en souviens pas ? » Pour dire vrai, Gebakros semblait prendre un malin plaisir à me créer des ennuis, notamment avec les jeunes femmes, ces derniers temps. Ainsi, je ne savais pas réellement de quelle fille il parlait en cet instant. Soudainement, cela me revint et je poussai un petit soupir tandis que je l’entendais rire dans sa barbe. Comment aurais-je pu oublier ce qu’il avait fait ; cela m’avait mis tellement mal à l’aise que j’aurais tout simplement été incapable d’oublier cela! Il m’avait sans doute fait passer pour la pire personne qui puisse exister ce jour là… lorsqu’il avait volé cet œuf.
« Je vois que tu t’en souviens, n’est-ce pas ? » « Ne refais plus ça Geb’. » « Il faut bien que je trouve un moyen de te faire parler aux autres… non ? » « Comme s’ils en avaient besoin. » Je levai alors mon regard vairon vers le ciel dans lequel de nombreux dragonniers étaient occupés à voltiger comme j’aurais bien eu envie de le faire en cet instant où le ciel me semblait la seule échappatoire. Mon dragon continuait de marcher à mes côtés tandis que j’avançais, les yeux levés vers le ciel dégagé. Il faisait beau, cela malgré l’heure matinale, et le vent qui s’élevait n’était en réalité qu’une légère brise, fraîche et très agréable. Celle-ci soufflait avec modération, venant soulever très légèrement mes cheveux tandis que je fermais les yeux, prenant une profonde inspiration.
« On va voler un peu. » « Hm… Je ne sais pas, et si tu allais parler à quelqu’un? » « Geb’, ce n’était pas une question. » La bête émit un grognement sonore tandis que mon regard venait se planter dans le sien. Ce regard fourbe, menteur et plein de mauvaises choses que d’autres y voyaient n’était rien d’autre que mon seul support à mes yeux. Le seul regard vers lequel j’osais lever le mien, le seul que j’osais soutenir et renvoyer avec plus de colère encore lorsqu’il en fallait. Ce dragon n’était pas un cadeau du ciel, loin de là, mais il ‘était mon seul ami, et tant qu’il m’écoutait, tout irait pour le mieux.
Je n’avais jamais été quelqu’un de très sociable ; pour tout dire, c’était même le contraire ; toujours seul, toujours contraint de subir les autres plutôt que d’aller vers eux, je n’étais pas réellement la personne que tout un chacun attendait. En fait, je m’étais toujours considéré jusque là comme un déchet, une chose que l’on jette lorsqu’elle ne nous est plus utile, une chose dont on se débarrasse à la première occasion. Je n’avais jamais eu une grande estime de moi-même, j’avais préféré rester seul et me renfermer encore plus par rapport au monde, ne plus jamais y faire attention que quand cela m’intéressait ou que, et c’était bien rare à mes yeux, quelqu’un estimait que je valais la peine d’être côtoyé.
Il était clair que ma vie avait été marquée par de nombreux rejets. Pour commencer, celui de mes parents à ma naissance, parents que je n’avais pas eu la chance – ou le malheur ?- de connaître ne serait-ce qu’une minute. Peut-être qu’à la vue de mon visage, cette femme qu’était ma mère avait décidé que je ne serais pas le fils qu’elle avait attendu neuf mois ? Cela n’était même pas du à mon regard, la couleur de mes yeux n’étant normalement apparue que bien plus tard. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-on décidé que je ne serais qu’un garçon sans nom ? Une personne qui porterait le nom d’un autre sans jamais connaître celui qu’on lui a donné ? Peut-être ne m’avait-on même pas nommé avant de m’abandonner comme un malpropre…
Rester seul avait donc toujours été une habitude pour moi qui n’avait personne. Même mon père adoptif n’avait pas désiré mon entrée dans sa famille, il ne l’avait acceptée que parce que sa femme en avait réellement envie ; là encore je m’étais retrouvé seul, contraint de m’isoler dans ma chambre et dans mes études pour tenter de plaire un peu plus à cet homme qui semblait plus froid que la glace à mon égard…Tout cela, cette solitude, cette rancœur et ces regrets, même si j’étais à Astahi depuis 3 ans, toutes ces choses douloureuses me revenaient encore à l’esprit alors que j’aurais très bien pu les oublier.
Oublier n’était pas une chose que de nombreuses personnes réussissaient à faire. Oublier, c’était mettre le voile sur les erreurs du passer, c’était se cacher à soi même des choses que l’on aurait voulu différentes… Certains y parvenaient, mais sans le faire réellement. En fait, la chose la plus importante aurait été de pardonner, mais si je me renfermais aujourd’hui de la sorte, n’était-ce pas parce que, justement, j’étais tout à fait incapable de pardonner ? Le pardon des choses les plus horribles était sans doute le plus difficile à accomplir, et je n’accomplirais sans doute jamais celui des paroles de mon père adoptif qui m’accusait d’être maudit… Je ne me le pardonnerais jamais à moi-même.
Sous mon regard, Gebakros courba l’échine pour s’allonger sur le sol, son ventre me faisant ainsi face.
« Je dois comprendre que tu as décidé de désobéir aujourd’hui ? » « Tu sembles bien avoir pris cette décision sur du long terme… » Un long soupir se fit alors entendre, après quoi je me dirigeai vers la bête allongée, m’asseyant contre les écailles de son ventre et y appuyant mon dos, sentant celui-ci se courber au rythme de la respiration de la bête. J’avais confiance en mon dragon, mon seul et unique allié dans ces lieux que je ne connaissais pas plus que moi-même… Je posai ma tête sur ce mur mouvant et, les yeux fermés, je poussai un nouveau long et profond soupir.
« À quoi penses-tu Sora ? » « Tu penses qu’elle m’en voudra ? » « Bien sûr que non, ça n’était qu’une plaisanterie… Puis après tout, tu n’es qu’une ombre pour elle, et on n’en veut jamais à une ombre, pas vrai ? » Certains me disaient souvent que la confiance que j’avais en ce dragon était bien trop grande comparée à celle que j’avais en moi-même. Après tout, je me référais à lui à chaque fois que j’avais un choix important à faire, qu’une chose me préoccupait ou autre… Cela n’était donc pas étonnant de constater que ce dragon prenait pratiquement toutes les décisions à ma place… D’un autre côté, son usage de l’ironie avait parfois quelque chose de blessant, mais sans doute cela était-il volontaire de sa part puis que j’étais réellement borné.
« Tu sais très bien que c’est vrai… alors ne plaisante pas avec ça. » « Alors pourquoi est-ce que tu t’en préoccupes ? » Ma réponse ne fut autre que le silence. Il avait raison au fond, je m’inquiétais quand même de la manière dont les gens me percevaient, car une part de moi était réellement effrayée à l’idée d’un nouveau rejet. De plus, comme à chaque fois, je n’avais pas demandé à ce que cette chose arrive ; quel dragonnier censé irait demander à son dragon de voler l’œuf d’un autre ? Il y avait quelque chose de complètement dingue là dedans… Mais d’un autre côté je savais que Gebakros avait fait cela dans mon intérêt, pour me forcer à établir le contact avec cette jeune femme, comme il l’avait déjà fait avec de nombreuses autres personnes auparavant… sans succès.
« Tu crois sincèrement qu’ils sont tous comme ton père ? » « Il n’était pas mon père. » « Il l’est, que tu le veuilles ou pas, c’est lui qui t’as élevé. » « Si l’on suit ton raisonnement, cela veut dire que je suis ton père et que tu me dois le respect. » J’entendis alors que mon dragon n’avait pas apprécié ma pointe d’ironie puisqu’il poussa un petit soupir avant de laisser place à un silence à l’allure interminable. Je l’avais vaincu à son propre jeu et, je ne le savais que trop bien, c’était une chose qui avait le don de l’énerver, comme moi lorsque cela m’arrivait. La différence, c’est que j’étais impulsif et que j’aurais pu sans problème faire éclater une dispute, dispute que j’étais sûr de perdre étant donné ma crainte de finir soit brûlé, soit abandonné par ma créature…
« Reste seul si tu veux Sora….Ca n’est pas mes affaires après tout. » « Je ne suis pas seul puisque tu es là… » « Mais pour combien de temps ? » Je me raidis un peu à l’entente de ces mots… Comment aurais-je pu arriver jusqu’ici sans lui ? Ce dragon était arrivé au moment où j’en avais le plus besoin, je l’avais vu grandir, apprendre à parler, voler pour la première fois… et il était toujours resté près de moi. Parfois il avait disparu, me laissant dans la crainte de l’avoir perdu à jamais, mais à chaque fois il était revenu… J’aurais du être habitué, Gebakros ressortait cet argument à chaque fois que je blessais son amour propre, mais je n’arrivais pas à me faire à l’idée que demain, il ne serait peut-être plus là…
« Alors…Quand te décideras-tu à m’écouter ? » Visiblement, ma bête avait compris mon inconfort face à ce genre de réflexions puisqu’elle avait prononcé ces quelques mots avec un certain rire.
Qui des deux était le plus maître de l’autre ? N’importe qui aurait répondu que j’étais celui qui contrôlait l’autre, mais en fin de compte rien n’était moins sûr. J’étais un peu plus proche du dresseur dominé par sa créature que du maître incontesté de son animal qui fait le beau quand on lui donne l’ordre. En fait, j’avais tendance à boire les paroles de Gebakros, à le considérer comme un dieu… c’était peut-être pour cela que j’avais si peur…
Ainsi, au bout d’un moment, je me relevai et je m’adressai à Gebakros qui était toujours allongé là, m’éloignant un peu de lui.
« Allez paresseux, lève-toi, on continue à marcher un peu. » La bête entra alors en mouvement et, au bout de quelques secondes pendant lesquelles il me fallut le temps de réaliser ce qui était en train de passer, un cri déchirant traversa tout le domaine d’Astahi tant et si bien que de nombreuses personnes accoururent aussitôt autour de moi. Je n’eus qu’à peine le temps de les voir puisque la douleur m’assomma littéralement quelques secondes plus tard. Je tombai ainsi aux pieds de mon dragon tandis que les gens avaient appelé une infirmière pour m’emmener de toute urgence à l’infirmerie.
Je me réveillai donc, un bon moment plus tard dans la pièce calme, réfléchissant à la raison pour laquelle j’étais aussi endolori. Je regardai alors vers mon pied, constatant que j’y possédais un énorme bandage. Je ne sentais plus mon pied droit. J’aurais pu tomber de dragon, me prendre une porte, trébucher sur une racine rebelle, mais non ! Moi j’étais encore plus doué ! J’avais réussi à me faire écraser le pied par mon dragon ! J’avais retiré la couverture qui me couvrait pour essayer de voir si cela n’était pas trop grave, mais rien que l’idée de voir mon pied en miette m’effrayait… Avec beaucoup de chance je m’en sortirais avec de nombreuses fractures et un peu de rééducation… Une chance que je n’ai pas reculé moins loin avant que Gebakros ne se redresse… C’en aurait été fini de moi !
Je regardai donc la pièce et, sans réellement réaliser qui était la jeune fille qui se trouvait là en cet instant, je m’adressai difficilement à elle, me redressant un peu sur mon lit.
« Excuse-moi… tu ne… sais pas où sont les…infirmières ? » avais-je alors bafouillé, n’étant pas habitué à parler à quelqu’un d’autre que Gebakros, cela malgré les 3 ans passés ici. |
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