Seo Sung Eun tapota la surface de son oeuf au bleu indéfinissable. Celui ne bougea pas. Le jeune homme le mit sur ses genoux et le tourna dans tous les sens. Selon l’angle de lumière, l’oeuf prenait des reflets violets, ou d’autres bleus étranges. Il le caressa pendant quelques minutes avant de le ranger dans son sac spécial. Il le passa à son épaule après s’être levé.

Les cours du matin s’étaient terminé il y a une demi-heure, et comme nous étions samedi, l’après-midi était libre. Sung Eun décida d’aller aussitôt prendre place dans le réfectoire, le repas débutant dans quinze minutes environ. C’était un de ses moments favoris dans la journée. Il n’était là que depuis très peu de temps, mais sa faculté à ingurgiter des kilos de nourriture tout en restant maigre comme un clou commençait à être connue.
Sung Eun sortit de la tour Mul et descendit les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée. Des élèves se pressaient déjà dans le réfectoire, et il s’y faufila à son tour.

Le jeune homme choisit une place et s’installa. Il posa son oeuf à côté de lui, comme si lui-même était un élève comme les autres. Il se fichait bien ce qu’on pouvait dire sur sa façon de se comporter avec son futur dragon - il vouait un véritable culte à ce dernier, et souhaitait en prendre soin le mieux possible.

Les plats étaient servis. Sung Eun remplit son assiette, une lueur indéfinissable dans le fond du regard. Il avait un caractère particulier, l’air souvent indifférent, exprimant des sentiments contraires ou alors rien du tout.
Le jeune homme commença à manger, tout en tendant de temps à autre une cuillère à l’oeuf. Il était sûr qu’en commençant à l’initier avant sa naissance, son dragon serait plus ouvert question nourriture. Mais ce n’était que son avis.

Sa séance fut perturbée par l’arrivée d’un inconnu, qui s’assied à sa gauche. Qui venait gâcher l’apprentissage de son oeuf ?
Sur le coup un peu, énervé, il lâcha :

SUNG EUN — さあ、何かお前... 。*

Sung Eun ferma les yeux une demi-seconde et reprit :

SUNG EUN — T’es qui, toi ?

* « Saa, Nani ka omae... » ; « Hum, c'est quoi ton problème... »

Manger ; voilà bien une chose que la jeune fille n'aime pas spécialement faire. Pour tout dire elle s'en passerait volontiers mais on ne vit pas que d'eau fraiche hélas et il faut bien nourrir le corps.
Sortie de la tour Toji elle gagne le réfectoire en trainant légèrement les pieds ; franchement elle serait tellement mieux ailleurs à se promener dans la forêt, à jouer l'aventurière.

Mieux vaut avaler quelque chose tout de même, on ne court pas le ventre vide. Elle tire un plateau et choisit quelques petites choses dans l'idée de grignoter plus que de manger. Un regard sur la salle pour chercher une place et … elle bloque un moment, ramenée à la réalité par un élève la bousculant pour passer. Est-il ici ? Vraiment ? Non … elle doit rêver. Mais les traits de ce garçon sont les mêmes, Shizuka ne peut pas les avoir oublié ; elle n'oublie rien ...

Décidée, elle avance dans l'idée d'obtenir confirmation et un sourire éclaire son visage. Il n'y a que lui pour faire ça ; que lui pour s'empiffrer autant sans avoir à en subir les conséquences. Elle se souvient du petit garçon de son enfance, de son premier ami dont elle a partagé les secrets, les bons et les mauvais moments jusqu'à ces déménagements l'ayant finalement éloigné … Une pointe de nostalgie lui serre la poitrine, ça semble tellement loin.

Simplement, elle s'installe à ses côtés sans un mot et appuie son menton sur sa main, patiente. Hm .. il ne semble pas la reconnaître si elle en juge par la phrase et le ton employé. Logique, elle a changé pour sa part … plus froide, plus mature … loin de la petite fille souriante qui glissait des fleurs dans ses nattes. Mais pour sa part ; elle le reconnaît parce qu'il a été son seul ami, l'unique ...

« ひさしぶり~ * » Glisse-t-elle de cette voix presque chantante.


Un rire, doux et elle reprend en japonais toujours.

« Tu ne dois pas trouver grand monde pour comprendre notre belle langue natale n'est-ce pas Sung ? »


Au fond il l'a peut-être oublié, peut-être n'est elle plus qu'une relique poussiéreuse d'un passé lointain. Elle aimerait que non, mais elle n'y pourra rien. Alors en elle, elle espère que le jeune homme a gardé une petite place pour elle dans son coeur ou sa tête. C'était son premier ami … tellement important lorsqu'on est jeune. Et bien que le temps a passé, Shizuka pense encore à cette époque, ces jours où tout n'était que joie, bercé de chant et de rires d'enfants …



(* Hisashiburi : ça faisait longtemps )

Sung Eun passa sa langue sur sa lèvre inférieure. C’était un tic qu’il avait lorsqu’il était contrarié, ou bien lorsqu’il avait envie de quelque chose (généralement manger). C’était bien la seule manifestation physique de ses sentiments ; il conservait un visage indifférent, tout en contraste avec le ton de sa voix et ses différentes réactions - bonnes ou mauvaises. En bref, à ce moment précis, le jeune homme était contrarié.
Il se tourna vers la personne intruse. De longs cheveux bruns, un visage fin et un large sourire, une jolie fille en première année également se tenait devant lui. L’oeil suspicieux, il la fixa lorsqu’elle s’assit tranquillement sur son siège.

Le jeune homme se redressa. Il avait une drôle d’intuition en regardant la jeune fille. Quel était son nom ? Il avait l’impression de l’avoir déjà vu quelque part... Ou quelque chose comme ça. En fait, il n’en savait rien.

SHIZUKA — ひさしぶり~
SUNG EUN — Hn ?

Surpris, il plissa les yeux. Elle aussi, elle parlait japonais ? Remarque, en y regardant de plus près, ses traits, quoique asiatiques, avaient quelques choses de différent. D’unique. Il eut soudain la vision d’une petite coiffée de nattes... Mais l’image disparut de son esprit aussi vite qu’elle était apparue.
Il préféra se méfier, et allait se détourner. La jeune fille cependant, prononça quelques mots qui changèrent tout. Ça faisait longtemps... ?

SHIZUKA — Tu ne dois pas trouver grand monde pour comprendre notre belle langue natale, n’est ce pas Sung ?
Sung Eun s’immobilisa quelques secondes. Les souvenirs lui revinrent tout à coup de plain fouet. Il ramena brusquement sa main sur sa cuisse, faisant tomber son verre.
SUNG EUN — Shizuka-chan ?!

Cette fois-ci, il était vraiment bluffé. Mon Dieu comme elle avait grandi ! Il en croyait à peine ses yeux. Cela faisait... Combien de temps ? Quinze ans ? Quelque chose comme cela, oui.
La seule et véritable amie qu’il ait eue... Elle lui avait manqué lorsqu’elle était partie. Shizuka... Le souvenir du pacte lui revenait, à présent. Sung Eun l’avait tenu - c’était un peu désespéré, mais il l’avait tenu. Le jeune homme ouvrit les bras et les passa autour des épaules de Shizuka. Il la serra contre lui un petit moment.
Sung Eun n’était que rarement ainsi. C’était parce que c’était Shizuka.

SUNG EUN — びくりした。... Eh bien, toi aussi tu es là finalement ? Je ne pensais pas te revoir en Corée... Encore moins à Astahi.

Parler japonais, c’était agréable. Et les têtes des élèves qui passaient aussi...

Ainsi elle ne s'est pas trompé. C'est bien son ami, son cher ami d'enfance qui se tient à ses côtés. Comme elle est heureuse, son visage le montre peu, elle s'est forgée un masque avec le temps mais son coeur tambourine. Il l'a reconnue ! Sung se souvient d'elle et sa maladresse ayant renversé le verre témoigne bien de la surprise qu'il ressent alors. Son nom dans sa bouche, Shizuka ne pensait plus jamais l'entendre ; mais il le prononce avec autant d'entrain que par le passé et lorsqu'il l'attire entre ses bras la jeune fille l'enlace à son tour, sincère.

Elle n'a pas ce genre d'attention, trop distante voir même asociale depuis tellement d'années mais ainsi, lovée contre ce garçon elle se sent comme avant, une fillette joyeuse et pleine de rêves qui avait encore envie de connaître les autres. Il lui rend un souffle de vie, une bouffée d'air venue de loin. Lui aussi a changé, il a grandit c'est un beau jeune homme désormais.

Une fois sortie de ses bras elle lui sourit doucement, oubliant toute autre langue que celle de sa naissance. Elle se fout bien que les autres s'interrogent sur leur conversation, c'est leur bulle, leur petit monde et personne n'a à y pénétrer.

« Je n'y aurais jamais songé moi non plus ; j'étais bien vouée à voyager encore et encore mais la lettre m'a permis de me poser enfin quelque part. »


Elle marque une pause, le temps de prendre son sac sur ses genoux pour lui éviter d'être bousculé par une tiers personne si elle le garde à son épaule. Son oeuf est trop précieux pour qu'elle le laisse courir le moindre risque.

« Donc … tu es en première année aussi, mais pas à Toji bien sûr, je t'aurai remarqué. Dis moi alors, quelle tour as-tu rejoins ? »


Un peu d'enthousiasme, elle a toujours une voix si placide d'ordinaire que cet élan d'intérêt en choquerait beaucoup mais à ça, elle n'y songe pas car à cet instant Shizuka oublie le monde autour et ses yeux sont accrochés aux siens, franc. Un sentiment retrouvé, cette confiance qu'on accorde rarement et si quinze ans au moins les ont éloigné, la fidélité demeure, inébranlable.

Shizuka semble réjouie. Sung Eun se demande quelle est la nature de son caractère à présent... En quinze ans, de nombreuses choses changent. Il sent des différences, dans sa manière de se tenir, dans les expressions parcellaires de son visage. Elle est devenue une jeune femme ; lui un jeune homme.
Le sourire de Shizuka était unique. Il pouvait reconnaître la petite fille qui avait été sa meilleure amie - et au fond, l’était restée, malgré des années de séparation.

SHIZUKA — Je n'y aurais jamais songé moi non plus ; j'étais bien vouée à voyager encore et encore mais la lettre m'a permis de me poser enfin quelque part. 
SUNG EUN — Mh. J’imagine. Ta famille a bien pris la chose ?

Le regard du jeune homme s’arrêta sur le sac posé sur les genoux de Shizuka. La forme bombée indiquait qu’il contenait un oeuf. Il était curieux de le voir. Il prit d’ailleurs également le sien sur ses genoux, refusant de lui tourner le dos. Il caressa l’oeuf d’une main tendre.
Son attention se reporta néanmoins sur la jolie Japonaise.

SHIZUKA — Donc … tu es en première année aussi, mais pas à Toji bien sûr, je t'aurai remarqué. Dis moi alors, quelle tour as-tu rejoins ?
Le première année toussa involontairement. Il se tapota le torse à l’endroit des poumons et se redressa. Elle était à Toji ? C’était visiblement une excellente tour... Mais pas autant que celle des Mul, ah ! ~ 
SUNG EUN — Toji ? Humpf, ça te ressemble assez bien. J’ai été envoyé la tour Mul...

Rien que quelques mots échangés, et Sung Eun eut l’impression qu’ils ne s’étaient jamais quittés. Le jeune homme fixa successivement Shizuka et son sac, pour finalement resté ancré dans le regard brun de la jeune fille. Il pencha lentement la tête sur le côté.

SUNG EUN — Parlons de choses plus intéressantes que les tours. Dis... Quand tu as eu ton oeuf, tu as ressenti quelque chose de particulier, n’est-ce pas ?
J’ai demandé à plusieurs personnes, qui n’avaient pas eu ce sentiment... Toi, tu l’as eu, n’est ce pas ?

Soit Shizuka allait le prendre pour un demeuré, soit elle allait tout à fait comprendre. Sung Eun resserra sa douce étreinte contre son oeuf, sans cesser de contempler son amie.

« Disons pour la famille, que je ne leur ai pas vraiment laissé le choix. Je voulais enfin suivre un chemin qu'il ne décideraient pas et me poser à terre sans craindre de prendre un vol le mois suivant. »


Si douces retrouvailles ; Shizuka ne pouvait espérer mieux. Assis ensemble, discutant comme s'ils s'étaient quittés la veille. Pourtant il y a bien le bonheur de se revoir, de rencontrer un sourire connu qu'on a pas rangé aux oubliettes. Il est devenu un jeune homme, a-t-il changé au fond ? Est-ce que grandir n'aura pas creusé de fossé entre eux à commencer par ces tours ? Ainsi, c'est Mul qui l'a choisi … Mais est-ce une idée ou bien il n'est pas ravi de la savoir à Toji ?

« Cela semble te réjouir de me savoir à Toji. » Elle sourit, plus amusée qu'autre chose. Une petite rivalité existe bel et bien selon les couleurs après tout. « Qu'importe, ce n'est qu'un détail après tout. »


Ses yeux dans les siens, sans retenue aucune parce qu'ils n'ont rien à cacher, pas de secrets entre eux c'était ainsi à l'époque et ça n'a pas de raison de changer. Il semble aussi attaché à son oeuf qu'elle même et ce sac qu'il serre précieusement parle pour lui.
La question du jeune homme rend un soudain éclat aux yeux de Shizuka ; ainsi elle n'est pas la seule à y avoir pensé ? À s'être demandée s'il n'existait pas une sorte de connexion bien particulière entre les maitres et leur dragon avant même qu'ils ne sortent la tête de leur oeuf ?

« Oui ! Oui j'ai eu cette sensation d'avoir trouvé, comment dire ? Une pièce manquante à mon propre puzzle. Comme si c'était lui et pas un autre, que rien n'était dû au hasard. Je ne songeais pas à en parler à qui que ce soit, on me trouve déjà assez « bizarre » sans que j'en rajoute. »


Elle ouvre alors son sac avec précaution, sortant le futur dragon de sa protection de tissu afin de le montrer à Sung Eun. Ses doigts parcourent la coquille noire, une énième caresse à son protégé et un sourire tendre illumine son visage.

« Je ne sais pas pour toi, mais je l'imagine déjà volant à travers le ciel, je songe à notre première escapade au loin, le vent dans les cheveux … c'est peut-être un peu étrange de voir si loin alors qu'il n'a pas pointé son nez ; mais j'ai tellement cette idée qu'on vivra des choses exceptionnelles que je me surprends à lui raconter tout ça à voix haute. Ça ne t'arrive pas ? »


Elle voit loin, peut-être s'attend elle à une chose merveilleuse qu'elle ne vivra pas forcément mais l'intuition ment rarement chez la jeune femme donc … pourquoi pas ? Rêver n'est pas interdit ...

De la rivalité ? Humf, peut être. Lorsque l’on appartient à un groupe, même si l’on n’y ait pas véritablement très attaché, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine fierté. Aussi, entre quatre éléments il y a de la concurrence. Alors, il y en a entre Mul et Toji... Mais pour Shizuka-cha, cette réalité pouvait s’effacer comme par magie.
Sung Eun éprouvait de la satisfaction à pouvoir parler de dragons avec son amie retrouvée. Enfin, pour préciser, pouvoir parler de dragons avec quelqu’un qui comprendrait. Le regard de Shizuka s’illumina. Tiens ?

SHIZUKA — Oui ! Oui j'ai eu cette sensation d'avoir trouvé, comment dire ? Une pièce manquante à mon propre puzzle. Comme si c'était lui et pas un autre, que rien n'était dû au hasard. Je ne songeais pas à en parler à qui que ce soit, on me trouve déjà assez « bizarre » sans que j'en rajoute.
SUNG EUN — C’est cela. Nous sommes des puzzles, et à chaque puzzle manque des pièces. À moitié constitué. Et là, cet oeuf contient une des parties manquantes.
Bizarre ? Toi ? Ce n’est pas le qualificatif que j’emploierai...

Le jeune homme esquissa un léger sourire et baissa un peu la tête. Ses cheveux noirs tombèrent sur son visage, dissimulant son oeil droit. Il ne prolongea pas sa pensée, mais ce dont il était certain, c’était que ceux qui qualifiaient la jolie Japonaise de bizarre avaient un sacré souci de discernement... et de langage. Shizuka était un modèle de gentillesse et de gaieté. Les choses avaient-elles changé ?
Le jeune fille sortit de son sac un magnifique oeuf noir. Tiens, un dragon unique allait en sortir... Sung Eun se dit intérieurement qu’elle méritait vraiment un dragon exceptionnel, à la hauteur de son esprit, et de toute sa personne.

Sung Eun écouta les paroles de Shizuka. Oui, il comprenait ce qu’elle disait. Combien de fois avait-il rêvé de telles choses ? Il imaginait déjà sa vie aux côtés de son dragon. Décidément, malgré des années de séparation, ils se trouvaient toujours autant de points communs.

SHIZUKA — Ça ne t’arrive pas ?
SUNG EUN — Oh, si... Tout le temps. Je suis vraiment impatient, mais en même temps, je ne veux pas presser les choses, j’ai peur qu’il y ait un problème... Je crois que je ferai tout et n’importe quoi pour ce bébé, cet oeuf. ... Je sais, je parais stupide...

Sung Eun caressa l’oeuf bleu et le serra contre lui. Puis, il sembla hésiter un peu... Avant de le lui tendre.

SUNG EUN — Tiens. Toi, je veux bien que tu le portes un petit peu...

C’était exceptionnel que Sung Eun propose quelque chose comme cela. Il était tellement protecteur avec son oeuf, il ne supportait pas que quelqu’un y touche. On pourrait le casser, le fissurer, ou il ne savait quoi d’autre... C’était bien trop risqué.
Le jeune homme posa l’oeuf sur les genoux de Shizuka, à côté de l’oeuf noir. Il attendit la réaction de la jolie Japonaise, un peu inquiet tout de même.

Ainsi rêve-t-il aussi de grands vols, de moment merveilleux à toucher les nuages avec son dragon. Shizuka à beau ne rien savoir du petit dragon à venir elle sent que leur relation sera unique et puissante. S'ils ne s'entendent pas, ce sera passager elle en est intimement persuadée. Comme elle l'aime … sans le connaître elle s'y est attachée. Tout en parlant elle caresse la coquille du bout des doigts, un geste devenu automatique, logique comme on apaise un enfant.
Elle hoche la tête, compréhensive aux paroles de Sung Eun.

« Oui je comprends, j'ai tellement peur qu'il lui arrive du mal. Je pense que je ne dormirai pas souvent lorsqu'il aura montré le bout de son nez. » Un sourire, léger, un regard. « Ce n'est pas stupide. »


La demoiselle cligne des paupières, surprise lorsqu'il lui propose de tenir le futur dragon encore protégé par sa coquille bleu irisé. Touchée de ce geste Shizuka regarde le trésor justement posé sur ses genoux et en personne juste, elle tend à son tour son oeuf à cet ami retrouvé.

« Tu peux le porter aussi, je sais qu'il n'aura pas peur avec toi. »


Doucement elle laisse son protégé entre les mains de Sung sans la moindre appréhension car elle est persuadée qu'il le tiendra avec autant de précaution que le sien. Ainsi sont-ils égaux, comme au passé lorsqu'ils partageaient secrets et jeux en tout genre.
D'une éternelle sérénité l'élève de Toji entreprend de passer le bout des doigts sur l'oeuf, doucement comme pour ne pas effrayer la créature qui y dort encore. Elle remarque les différences, il est plus froid que le sien, sans odeur, brillant comme un joyaux sous la lumière. Que peut-il bien contenir ?

« Il est magnifique Sung Eun ! Tu as une idée du dragon qu'il pourrait révéler ? »


Elle le prend en main, le soulève légèrement pour mesurer son poids.

« En tout cas, j'ai eu beau chercher dans tout les livres sur les espèces je n'ai rien trouvé pour évoquer mon oeuf … le fait qu'il soit si noir est une chose mais c'est surtout l'odeur qui m'intrigue. Ça me fait penser à certain marécages que j'ai visité … »


Sans comprendre, elle a l'impression que l'oeuf de son ami contient une créature paisible, avec de bonnes vibrations. Oh tout les dragons ont leur petits défauts mais Shizuka a l'intuition -féminine peut-être- que Sung ne sera jamais déçu de son/sa futur(e) ami(e).