joesonghabnida!

« La Science des Dragons : la Draconologie expliquée aux débutants », « Introduction aux dragons », « Dragonologie, Encyclopédie des Dragons », « Dragons : Tout ce que vous avez voulu savoir », « Dragons: Nos Amis Ardents », « Dragons des Temps Modernes », « Les Dragons des Terres Australes », « Comment le Dragon Vert aménage-t-il son environnement ? », « Dragons d’Eau : les secrets des profondeurs »…

La jeune fille attrapait les ouvrages qui l’intéressaient dans la bibliothèque avec l’aisance de l’habitude. Presque sans hésitation, elle réunit ainsi la douzaine d’ouvrages dont elle aurait besoin pour son étude sur l’influence des Dragons sur leur environnement.

Plutôt que d'étudier à Dongguk University de Séoul dans la section arts et spectacles, Eun Suh avait décidé de venir ici, à l’école Astahi. Lorsqu’elle avait reçu pour la première fois cette fameuse enveloppe calligraphiée à l’encre verte, elle avait cru que quelqu’un essayait de se jouer d’elle. Allait-elle vraiment croire qu'il lui était arrivé quelque chose d'aussi extraordinaire que d'être admise dans ce genre d'école ? Qu'il existait de la magie et un monde aussi merveilleux que celui d'Harry Potter ? Elle était peut-être d’une naïveté enfantine, mais elle n’était pas stupide ! Comme elle, enfant de famille modeste aux revenus moyens pouvait-elle espérer qu’une chose aussi incroyable se produise. Elle n’avait pas besoin de cela, n’est-ce pas ? N’avait-elle pas déjà ses propres rêves ? Ne souhaitait-elle pas devenir chanteuse depuis tant d’années ? Cette mauvaise blague avait sans doute été imaginée par quelqu’un qui s’amusait de son nom, Yong, qui signifiait « dragon ».

Mais les choses s’étaient précipitées quand, après avoir ignoré quantité de lettres, le directeur de l’école Astahi s’était présenté lui-même pour annoncer à sa famille qu’il l’avait choisi, « elle ». N’était-ce pas incroyable ? Seuls une poignée d’étudiants étaient choisis chaque année, et elle faisait partie de ces heureux élus. Il lui en avait fallu du temps pour se remettre de cette surprise. Et une fois l’année commencé, il lui avait encore fallu du temps pour s’adapter à cette toute nouvelle vie, cet univers si différent auxquels on les avait introduits.

Heureusement, cela faisait maintenant quelques mois qu’elle étudiait dans la prestigieuse école et elle avait déjà établi ses points de repères et ses petites habitudes. D’ailleurs en cet instant, comme souvent le vendredi, elle profitait de ces deux heures libres de son emploi du temps pour s'avancer sur son travail. Il fallait dire que ses journées étaient déjà chargées : lever à 6 heures, début de ses activités à 7h15, début des cours à 8 heures… Pour conserver son niveau dans les autres domaines qui lui importaient et qui n’étaient ni la magie ni l’étude des dragons, elle avait quantité d'activités extrascolaires, de la danse en passant par la musique, le chant et la natation. C’est pourquoi elle avait tout juste le temps pour faire correctement son travail.

Son temps libre, elle savait avec qui le passait heureusement, car elle s’était rapidement fait un groupe d’inséparables amies. Sans doute était-ce le destin qui les avait réuni ensemble, car étant chacune de clans différents, elles formaient une unité assez improbable : elle-même était chez les Gong-Gi, la Tour de l’Air, sa meilleure amie Kang Ha Na, chez les Mul, la Tour de l’Eau, la belle Seo Yoo Jin appartenait à Toji, la Tour de la Terre, et enfin la flamboyante Park Soo Ji faisait partie des Hwajae, la Tour du Feu. Malgré leurs différences elles s’étaient trouvées et formées un groupe qui sortait réellement de l’ordinaire. Mais il fallait dire aussi qu’en dehors de leur intérêt pour ce nouveau monde magique qu’on leur offrait, elles partageaient un point commun qui n’était pas négligeable : leur passion pour le chant et la musique.

Eun Suh se sentait heureuse de les avoir. Elle était terriblement réservée et timide, mais si elle n’aimait pas forcément être le centre de l’attention, elle n’appréciait pas trop non plus la solitude et préférait être bien entourée. Bien sûr, elle n’était jamais vraiment seule de toute façon, pas depuis qu’on lui avait confié cette importante tâche de veiller sur cet œuf, son futur ami, un Dragon. Y repenser illumina son visage d’un sourire. Quelle chance elle avait de se voir confier cette énorme responsabilité ! Ayant à la charge cet être magique en puissance, elle se sentait comme devenue mère. Et quelle fierté et amour elle éprouvait déjà pour celui-ci, quand bien même il n’avait pas éclot. Il lui était bien égal à quoi il ressemblerait. Ce serait sûrement un Dragon Bleu, comme pour la majorité des Gong-Gi. D’ailleurs son œuf n’était pas réellement unique, et de nombreux avant lui y avait ressemblé. Mais cela lui était bien égal car de toute façon, pour elle, la petite créature à l’intérieur était réellement unique.

Les livres éparpillés autour d’elle sur la table, elle caressa du bout des doigts la coquille étrangement lisse de l’œuf. Aussi lisse pour un œuf, voilà qui l’avait plutôt étonné la première fois, mais aucune pierre n’était naturellement aussi bien polie non plus. Sur la surface bleu foncé, sans défaut, de petites veinures argentées dessinées une toile d’araignée. L’œuf était froid et lisse sous les doigts de la jeune fille, telle de la soie rigide. Pourtant elle pouvait comme sentir la chaleur d’un petit cœur palpitant à l’intérieur, et cela lui amena un sourire. L’œuf devait mesurer une trentaine de centimètres et semblait curieusement léger pour un spécimen de cette dimension.

Eun Suh le trouvait à la fois magnifique et inquiétant. Et si elle n’était pas prête lorsqu’il aurait enfin éclot ? Se pouvait-il qu’il soit arrivé quelque chose au bébé qui se trouvait à l’intérieur ? L’entendait-elle vraiment bourdonner lorsqu’elle jouait de la musique ou chantait, ou bien était-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Parmi les premières années, elle était l’une des rares dont le dragon n’avait pas encore éclot, et même si après leur avoir confié ses craintes aux professeurs elle n’avait reçu que des sourires et paroles d’apaisement de leur part, elle espérait vraiment qu’il n’y ait rien d’inquiétant dans cette naissance retardée.

« Ne t’en fait pas, il éclora lorsqu’il aura trouvé le « bon » moment. Les Dragons accordent une véritable importance au fait que les choses doivent être faite à une heure donnée. N’est-ce pas une manière de décider soi-même de son propre destin ? »

Se souvenir des paroles de son sunbae la réconforta quelques instants. Après tout, personne ne semblait s’alarmer alors pourquoi le devrait-elle ? Le fait que cette naissance soit retardée ne lui permettait-il pas d’avoir plus de temps libre pour s’y préparer, pour pouvoir devenir une excellente dragonnière ? C’est ce qu’elle pensait à cet instant, mais voilà qu’elle illustrait là un mauvais exemple. Pour pouvoir se rendre tranquillement à ses activités par la suite, elle voulait terminer un devoir de manière à ne pas se retrouver en retard par la suite. Car s’il y avait bien une chose qu’elle détestait, c’était se retrouver en retard ou avoir à faire les choses dans la précipitation. Remettant l’œuf dans le sac en bandoulière qui lui permettait de le transporter tout le temps avec elle, elle se remit donc au travail.

Alors qu’elle étudiait avec sérieux, faisant une comparaison des différentes espèces et de leur influence respective sur l’environnement qu’ils habitaient, elle se trouva soudain plongée dans une étrange torpeur… On était en plein milieu de journée, elle venait de manger à peine deux heures auparavant et il faisait incroyablement chaud dans la bibliothèque tandis que dehors il y avait près de 10 degrés en dessous de zéro. Par l’immense baie vitrée qui par temps de soleil rendait cette pièce s lumineuse, elle remarqua que le ciel sombre et nuageux indiquait que le temps ne ferait qu'empirer. Et en effet, il se mit soudain à grêler. Le bruit des grêlons que le vent faisait s'écraser contre la vitre avait quelque chose d'apaisant, surtout lorsqu'on savait qu'à l'extérieur le temps était glacial et humide alors qu'on était bien au chaud et au sec à l'intérieur...

Elle ne sut pas si elle s’était vraiment endormie ou si le temps était passé plus vite que prévu, mais toujours est-il que lorsqu’elle leva les yeux, elle constata avec effarement qu’il était presque quatre heures de l’après-midi. Elle bondit littéralement de son siège, ce qui causa dans la salle quelques murmures étouffés, des remarques et de coups d’œil appuyés et désapprobateurs.

La jeune fille s’excusa, toute honteuse. Elle ramassa à la hâte ses ouvrages tout en jetant des coups d'œil paniqués à l'horloge. Ce n'était pas dans ses habitudes de se montrer si réactive, mais elle était réellement choquée et surprise de s'être assoupie aussi facilement. Avec la chance qu'elle avait déjà de se retrouver ici, il était hors de question qu'elle arrive en retard à un seul cours, même si c'était le cours de musique. Elle avait encore besoin de tous ces livres pour son devoir. Heureusement, ils existaient en plusieurs exemplaires, aussi avait-elle pensé à tous les emprunter avant, mais au vue de la quantité, impossible de tous les rentrer dans son sac ; elle devrait se contenter d'en porter à la main. Une fois ses affaires pliées, elle se rua les bras chargés vers la porte de sortie et fonça dans le couloir.

Elle venait juste de passer un angle lorsque quelque chose – ou quelqu’un – la heurta avec fracas. Instinctivement, elle eut tout juste le temps de lâcher les ouvrages pour attraper dans ses bras, e sac qui contenait l’œuf. L’instant d’après, sans qu’elle sache ce qui s’était exactement passé, elle était par terre, l’œuf étroitement serré contre elle et les livres étaient éparpillés autour d’elle. « Aya! » laissa-t-elle échappe. En voulant protéger à tous prix son œuf, elle n’avait pu se protéger le crâne aussi se l’était-elle violemment heurté contre le sol. Après quelques secondes, ses esprits revenus, elle releva la tête pour faire face à la personne qu’elle avait apparemment bousculée – ou qui l’avait bousculé, elle ne saurait le dire.

Elle ne connaissait pas la personne qui lui faisait face, mais celle-ci semblait de toute manière être son aînée. Elle se sentit soudain honteuse et très bête d'avoir fait une victime de sa maladresse. Après s'être relevée, elle s’excusa tout de suite s'inclinant.

« Joesonghabnida! Joesonghabnida! » prononça-t-elle dans un souffle sans se rendre compte qu’elle l’avait dit avec son accent de Jeonju. Elle se précipita ensuite auprès d'elle pour l'aider à se relever. Le rouge aux joues, elle espérait que celle-ci lui pardonnerait sa maladresse. Car non seulement elle était pressée, mais en plus elle avait horreur de créer des conflits. Et il y avait plus d’une personne susceptible dans cette école…

Les cours de dressage de de dragons n’étaient pas des plus aisés. Honnêtement, Min Hwan n’était pas encore assez proche de son dragon, car les deux avaient leur propre fierté et avaient parfois du mal à coopérer. Souvent, ce cours se soldait donc par un cuisant échec de dressage, parce que Pride n’en avait fait qu’à sa tête, une fois de plus. Mais le coréen savait pertinemment qu’il était parfaitement inutile de blâmer uniquement la bête, parce qu’après tout le problème d’entente entre les deux venait également de lui et à son habitude à être solitaire et peu entouré. Avoir la responsabilité d’un dragon consistait à être limite vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec la créature. Or, Min Hwan avait cette vieille habitude de n’être accompagné que de son appareil photo, et la compagnie continuelle de quelqu’un d’autre à ses côtés était parfois difficile à accepter. Pourtant, il n’avait pas à se plaindre, Pride était encore jeune mais il était déjà très indépendant. C’était juste que le jeune homme ne parvenait pas à l’ « apprivoiser ». Peut-être que le dragon ressentait l’anxiété de Min Hwan à l’idée d’échouer dans sa mission d’éducation, et que pour pimenter le tout, il le taquinait et lui menait la vie dure pour l’obliger à prendre ses responsabilités en main ? Ce n’était pas impossible, Pride était malin et intelligent, et même jeune il était capable d’user de stratagèmes pour plier les autres à ses désirs. Il ne se gênerait sans doute pas pour en faire voir de toutes les couleurs à son dragonnier …

Epuisé, et ayant encore beaucoup de devoirs à faire pour le lendemain, il demanda avec beaucoup de délicatesse –pour se faire pardonner de l’heure de torture qu’ils venaient de passer pendant le cours de dressage, si cela ne le dérangeait pas qu’il le dépose exceptionnellement à la garderie pendant qu’il travaillait. En effet il avait l’intention de se rendre à la bibliothèque de l’école et Pride était un peu gros pour se balader là-bas. De plus, il était encore un jeune dragon et Min Hwan ne tenait pas à être responsable de dégradations au sein de la pièce de travail parce que son dragon aurait commis une maladresse.
Résigné, la créature accepta. De toute façon, il grêlait dehors et il ne pourrait pas aller chasser ou gambader dans l’immédiat. Il attendrait donc patiemment à la garderie pour reprendre quelques forces après ce cours plein d’émotions et Min Hwan lui promit qu’il l’emmènerait à l’extérieur dès que le temps serait meilleur.
Le jeune homme marcha donc d’un pas légèrement traînant jusqu’à la garderie, suivi de son dragon qui trottinait non loin de lui. Ses écailles cuivrées luisaient sous l’effet des lumières du couloir, lui donnant un aspect assez impressionnant. Même s’il n’était pas encore gigantesque et avait plus la taille d’un gros chien, il paraissait quand même imposant avec ses ailes pointues, sa mâchoire emplie de dents aiguisées et brillantes, et son regard perçant qui semblait vous sonder comme des rayons X.
Pride était un dragon assez observateur. Il convoitait tellement de choses qu’il voulait d’abord repérer ce qui l’entourait pour savoir comment s’en emparer ou protéger ses biens des autres résidants de l’école, qu’ils soient ses semblables ou des humains. Malgré son manque de coopération, il aimait bien Min Hwan parce que tous les deux étaient assez similaires. Il ne se serait peut-être pas senti à l’aise si son dragonnier avait été une fille du style « maman poule » qui s’occuperait de lui à outrance, le maternant énormément. Lui qui aimait avoir son indépendance, il n’aurait pas vraiment été à l’aise.

Min Hwan arriva donc à la garderie et pénétra dans la pièce où des étudiants bénévoles s’occupaient des dragons des autres. Heureusement, même si le dressage n’était pas encore assez parfait, Pride était assez bien éduqué pour rester là-bas sans faire trop de grabuges. Il l’y avait déposé quelques fois – même s’il évitait de le faire, et il n’avait jamais eu de mauvais échos. Pride savait se tenir et il avait sa fierté personnelle, d’où son nom, et jamais il ne tiendrait à ce qu’il obtienne la réputation d’un troublefête de première. “ Je viendrai le chercher un peu plus tard, après avoir travaillé. Merci beaucoup ~ ”. Soupirant, il lâcha un sourire forcé histoire de paraître un minimum sociable et fit volte-face avec la ferme intention de se rendre à la bibliothèque d’Astahi.

Il marchait d’un pas tranquille, sans vraiment se presser. Il aimait parfois se retrouver seul, cela lui arrivait rarement depuis que l’œuf du dragon avait éclos. Il avait bien quelques personnes à qui parler dans l’école mais il pouvait choisir de ne pas les voir s’il n’en avait pas envie, ce qui n’était pas le cas de son dragon. Et puis la présence de ce dernier ne le dérangeait pas tellement, au contraire. Mais se retrouver seul ne faisait jamais de mal à personne, on pouvait au moins s’entendre penser. Il n’avait pas à s’inquiéter de la surveillance de Pride pendant au moins une heure ou deux.

Il allait bientôt arriver à la bibliothèque ; encore un détour ou deux dans un énième couloir et il y serait parvenu. La garderie était assez éloignée au final de la salle de travail remplie de livres, mais cela ne dérangeait pas Min Hwan de marcher. Il pouvait réfléchir.
Parfois il se demandait pourquoi le directeur d’Astahi avait choisi quelqu’un comme lui pour intégrer sa prestigieuse école. Après tout il était taciturne et solitaire, et ne portait aucun intérêt aux autres ni même au surnaturel. Il s’y était désormais accoutumé mais n’y montrait pas le même entrain que certains autres élèves de l’établissement. Pensait-il que l’asocial Jung Min Hwan était capable d’effectuer son entière scolarité à Astahi sans encombre ? Lui-même en doutait. Il n’en n’était qu’à sa seconde année ici et pourtant il ne ressentait pas plus d’enthousiasme à l’idée de s’occuper d’un dragon. Qu’est-ce qui n’allait pas avec lui ? Beaucoup de jeunes rêvant que leurs idées de mondes imaginaires se réalisent voudraient sans doute être à sa place. Mais lui, une vie normale lui aurait amplement suffi. Il aurait pu tout simplement refuser, mais sa curiosité naturelle avait pris le dessus sur sa raison et il avait voulu voir de quoi il en retournait. Et maintenant il ne pouvait plus faire machine arrière, voilà tout. Pas qu’il le regrette, en fait il ne ressentait rien de particulier à cela.

BAM. Un choc se fit ressentir alors qu’il empruntait le dernier angle de couloir avant d’atteindre la bibliothèque de l’école. Une personne avait sans doute dû le bousculer violemment pour qu’il perdre son équilibre et tombe à la renverse. D’ailleurs la personne en face de lui était tombée elle aussi. Elle avait répandu un tas de livres tout droit sortis de la bibliothèque, vu la direction dont elle venait. Mais elle serrait contre elle un sac en bandoulière tout banal qui ne semblait pas avoir de valeur. Min Hwan déduisit assez rapidement que son œuf devait se trouver à l’intérieur. Au moins elle avait le sens des responsabilités même si elle semblait être maladroite. Agacé de tant de négligence, il se releva en refusant l’aide qu’elle tenta de lui apporter, soupirant et époussetant ses vêtements devenus poussiéreux suite à sa chute, et lâcha assez froidement : « Tu pourrais quand même faire attention où tu mets les pieds, tu es trop pressée pour regarder devant toi ?! ». Oui, lorsqu’il parlait, le coréen était assez franc et surtout froid, et pouvait faire disparaître n’importe quel sourire sur le visage de quelqu’un tellement sa façon de s’adresser aux gens pouvait paraître blessante. Même avec les gens qu’il ne connaissait pas. Mais il avait toujours été ainsi, il ne savait de toute façon pas s’exprimer correctement avec les autres et cela n’était pas près de changer, vu le peu d’effort qu’il faisait pour y remédier.
Mais il n’était pas non plus un monstre et il se pencha pour ramasser les livres que l’étudiante avait fait tomber. Une fois qu’il les eu ramassés, il ne les lui rendit pas tout de suite et lui dit seulement : « Tu n’as pas peur de tomber à nouveau avec tous ces livres dans tes bras ? En plus tu vas finir par briser ton œuf si tu ne fais que tomber … ». Il jeta un regard bref vers le sac en question qui semblait contenir l’œuf. Elle se demanderait peut-être comment il pouvait savoir qu’elle transportait un œuf de dragon … Mais elle semblait plus jeune que lui, et tous ces livres étaient sans doute significatifs qu’elle étudiait le monde des dragons en vue de l’éclosion de son œuf, comme il l’avait fait auparavant. Un bref coup d’œil sur la couverture du livre se tenant en haut de pile, « La Science des Dragons : la Draconologie expliquée aux débutants », lui suffit à confirmer son hypothèse. [color:6612=# A2BDB0] « Tu ne crois pas que ton œuf aura éclos avant que tu aies pu lire tout ça ? ». Bavard le Min Hwan pour quelqu’un d’asocial ! Il faisait quelques progrès en matière de relations sociales fallait-il croire.

HJ – désolée ce n’est pas aussi long que toi mais je commençais à sécher sur le contenu ~

Son aîné refusa froidement son aide et se releva de lui-même tout en époussetant ses vêtements. Ses yeux lancés des éclairs, dissimulant un agacement contenu. La jeune Gong-Gi qui se sentait de plus en plus mal se mordit la lèvre inférieure.

« Tu pourrais quand même faire attention où tu mets les pieds, tu es trop pressée pour regarder devant toi ?! »

Elle afficha un petit sourire désolé avant de s’incliner pour s’excuser de nouveau, tenant toujours fermement son précieux sac contre elle.

A la grande surprise d’Eun Suh, le jeune homme se pencha et ramassa ses livres. Stupéfaite, la jeune chanteuse remit rajusta son sac sur son épaule prête à reprendre sa pile de livres. Mais celui-ci ne les lui rendit pas tout de suite.

« Tu n’as pas peur de tomber à nouveau avec tous ces livres dans tes bras ? En plus tu vas finir par briser ton œuf si tu ne fais que tomber … »

En effet, la remarque était judicieuse. Même si elle se promettait de ne plus courir et de prendre le risque de trébucher de nouveau, la pile de livres allait être de plus dans un équilibre précaire et maladroite comme elle était…

Tandis qu’elle réfléchissait sur la façon de s’assurer que ce genre d’accident n’allait pas se reproduire, le jeune homme jetait un œil sur la pile de livres qu’il tenait toujours dans ses bras.

« Tu ne crois pas que ton œuf aura éclos avant que tu aies pu lire tout ça ? »

Eun Suh fit la moue et répondit à voix basse, les yeux baissés.

« Si seulement il pouvait éclore… »

D’ailleurs, les apparences étaient peut-être trompeuses, mais Eun Suh n’était absolument pas un rat de bibliothèque. Trop de lecture avait tendance à l’endormir. Elle préférait regarder la télé ou expérimenter les sujets dans la pratique que de lire des pages de symboles encrés.

Mais il était vrai que la liste était un peu exagérée cette fois. Cependant elle n’y était pour rien ; leur professeur leur avait donné la bibliographie exhaustive pour ce devoir, et elle était censée utiliser tous ces ouvrages. Bien sûr elle n’allait pas tous les lire ! Elle s’aiderait des index et lirait seulement les passages comportant les informations utiles pour son devoir. Il était inutile qu’elle se donne une charge de travail supplémentaire quand elle avait déjà suffisamment pour se sentir déborder…

Le cours de musique !

Eun Suh se souvint soudain pourquoi elle s’était précipitée avec autant d’empressement dans les couloirs.

Elle tendit soudain les bras devant elle en direction de ce jeune homme dont elle ne savait toujours pas le nom, lui faisant ainsi savoir qu’elle comptait récupérer ses livres.

« Merci de les avoir ramassé, et encore une fois, je suis sincèrement désolée de vous avoir bousculé. »

Ce n'est pas qu'elle n'avait aucune réaction ou qu'elle était timide, c'était qu'elle était en faute et qu'elle ne connaissait pas cette personne. Avec ses amis et son entourage elle aurait été beaucoup plus réactive et aurait sans doute employé ces expressions avec cet accent et ce ton qui lui avaient valu son surnom d'"Ajumma". Mais ses plates excuses n'avaient pas l'air de calmer cet individu qui semblait au contraire de plus en plus agacé par l'attitude décente de la jeune femme.

« Pourquoi tu dis ça, ça fait longtemps que tu attends son éclosion ? »

Une question inattendue qui fit relever les yeux de la jeune fille. Se pouvait-il qu'il ne soit pas si indifférent que ça ? L'intéressait-elle - ou plutôt, son dragon l'intéressait-il ?

« Oui, il aurait du éclore depuis plusieurs mois déjà... Mais il semblerait que ce soit un tardif. »

Elle le remercia d'avoir ramassé les livres et s'excusa de nouveau de l'avoir bousculé.

« C’est bien la première fois que je vois quelqu’un d’aussi pressé pour aller faire ses devoirs alors que la bibliothèque est à vingt mètres … » lâcha-t-il en haussant simplement les épaules.

« Je ne vais pas les faire tout de suite. J'ai ... un cours ... » commença-t-elle hésitante. Elle l'appelait cours parce qu'elle suivait ce rendez-vous diligemment et qu'elle y apprenait plein de chose tout en s'entraînant, mais ce n'était pas un des cours officiels qui figuraient au programme.

« J'ai emprunté tous ces livres pour pouvoir y travailler plus tard. »

Plus tard ce serait sans doute ce soir, tard. La bibliothèque serait fermée à cette heure de toute façon, et elle travaillerait sans doute dans la salle commune des Gong-Gi. Et en attendant donc, elle devait déposer ces livres dans sa chambre avant de filer en vitesse à la salle de musique.

Depuis qu'Ashley lui avait proposé ces rendez-vous, elle n'avait pas été en retard une seule fois, bien que la ponctualité n'ait jamais vraiment été son fort. Elle n'avait vraiment pas envie de le

« Je dois déposer tous ces livres dans ma chambre, à la tour Gong-Gi avant d'aller à ce cours. » expliqua-t-elle, tendant de nouveau les mains devant lui avec plus d'insistance.

La perspective de l'heure à venir la rendait de plus en plus impatiente et une lueur brillait dans ses yeux.


[Yup! The one & only. Comment as-tu deviné ? ^^]